AL HAYAT - Présidence de la FIA: le système électoral attaqué devant la justice française

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Présidence de la FIA: le système électoral attaqué devant la justice française
Présidence de la FIA: le système électoral attaqué devant la justice française / Photo: Chris Graythen - GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Présidence de la FIA: le système électoral attaqué devant la justice française

"Manque de transparence et de démocratie" ou demandes "fantaisistes" et sans fondements? Le tribunal de grande instance de Paris a entendu lundi les arguments de Laura Villars qui estime la prochaine élection à la tête de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) biaisée, ce que l'instance conteste.

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"Il y a quelque chose de pourri au royaume de la FIA", a estimé lors de l'audience son avocat, Robin Binsard, selon qui Laura Villars, qui souhaitait déposer sa candidature, "a pu constater une multiplication des malversations et des fraudes en vue d'empêcher toute autre candidature que celle du président sortant."

La Suissesse de 28 ans souhaitait en effet déposer sa candidature à la tête de la FIA en vue de l'élection qui aura lieu le 12 décembre. Mais le règlement du scrutin impose de présenter une liste de vice-présidents issus des différents continents. Or une seule personnalité venant d'Amérique du Sud est éligible et elle a accepté de figurer sur la liste du président sortant, l'Emirati Mohamed Ben Sulayem.

Sans autre vice-président potentiel issu du continent, les autres candidats n'ont pas pu déposer leur dossier. Laura Villars a donc saisi en référé le TGI de Paris -la FIA étant une association française- pour demander la suspension des élections.

Le tribunal rendra sa décision le 3 décembre.

- "Autocratie" -

Lundi, Me Binsard a pointé "une concentration des pouvoirs extrêmement dangereuse dans cette association", entre les mains du président.

Outre une incohérence de date sur la publication par M. Ben Sulayem de sa liste en vue des élections, Me Binsard a aussi souligné que deux des personnes y figurant ne remplissaient pas les critères d'éligibilité.

"Il n'y a aucune transparence, aucune éthique, aucune démocratie", a-t-il déploré. "On a atteint un niveau d'autocratie et de violation des règles qui est inédit."

Benjamin Fontani et Mehdy Kadri, deux avocats mandatés par l'Américain Tim Mayer, ancien commissaire sportif de la FIA qui a dû retirer sa candidature pour les mêmes raisons, sont intervenus pour appuyer la demande de Laura Villars. Ils ont eux aussi déploré "le système un peu mafieux" mis en place.

En réponse, les avocats de la Fédération ont insisté sur la "transparence absolue du régime des élections, le même depuis 2011".

"Tout le reste n'est qu'une pure invention, pure fantaisie", ont-il affirmé.

Selon eux, ce sont Mme Villars et M. Myer qui n'ont pas réussi à convaincre d'autres candidats sud-américains potentiels.

- "Beaucoup de ressentiment" -

"On sent qu'il y a beaucoup de ressentiment de la part de ces deux candidats, ils mènent une bataille avec un véritable acharnement médiatique pour essayer de discréditer la FIA", a estimé à l'audience l'un des conseils de la fédération.

"Depuis le début de cette affaire on essaie de monter en épingle une histoire complètement rocambolesque. Il y a juste eu une application strictement mécanique des statuts et du règlement intérieur qui a entraîné cette candidature unique."

Les avocats de la fédération ont également souligné qu'une suspension des élections entraînerait une paralysie du fonctionnement de la FIA, qui ne pourrait plus organiser de compétitions, mettant notamment en péril le Championnat du monde de Formule 1. Un préjudice de "plusieurs centaines de millions d'euros".

A l'issue de l'audience, qui a duré un peu plus d'une heure, Laura Villars s'est dite "très satisfaite de tous les points que mon équipe a soulevés. J'espère que on pourra avoir des réponses concrètes d'ici le 3 décembre et je suis aussi satisfaite d'avoir une décision avant l'élection".

Me Binsard a lui noté qu'en cas de suspension des élections, "les statuts prévoient l'hypothèse de la vacance du pouvoir et permettent au président du Sénat (de la FIA) d'assurer les affaires courantes dans l'attente d'une nouvelle élection dans les quatre mois".

Sollicités par l'AFP à l'issue de l'audience, les avocats de la FIA n'ont pas souhaité réagir.

X.Bassam--al-Hayat