Les Etats-Unis sabrent l'accueil de réfugiés, privilégient des blancs sud-africains
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi réduire de façon drastique le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à accueillir chaque année, à un nombre historiquement bas, et dit privilégier les blancs d'Afrique du Sud.
Dans ce qui constitue un revirement majeur d'une tradition d'accueil bien ancrée depuis des décennies, les Etats-Unis ont fixé à quelque 7.500 le nombre de personnes qui se verront accorder le statut de réfugié cette année, contre quelque 100.000 par an sous l'ancien président démocrate Joe Biden.
Et la vaste majorité sera composée d'Afrikaners, des descendants des premiers colons européens en Afrique du Sud, selon un document de la Maison Blanche rendu public jeudi.
"Le nombre d'admissions sera principalement réparti entre les Afrikaners d'Afrique du Sud (...) et d'autres victimes de discrimination illégale ou injuste dans leur pays d'origine respectif", ajoute le texte daté du 30 septembre et qui doit être publié vendredi dans le registre fédéral.
Dès son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump a sabré dans l'aide étrangère des Etats-Unis et opéré un raidissement de la politique d'immigration en se concentrant sur l'expulsion d'immigrés clandestins et gelant l'accueil de demandeurs d'asile et autres réfugiés.
Le dirigeant républicain avait déjà pris un décret le 7 février qui prétend que les Afrikaners sont spoliés de leurs terres et persécutés, leur accordant le statut de réfugié.
En mai, une cinquantaine d'entre eux ont été accueillis aux Etats-Unis en tant que réfugiés, une initiative vigoureusement contestée par Pretoria.
Les Afrikaners constituent la majorité de la population blanche d'Afrique du Sud. C'est de cette frange de la population que sont issus les dirigeants politiques qui ont institué l'apartheid, système de ségrégation raciale ayant privé la population noire - très majoritaire - de la plupart de ses droits de 1948 jusqu'au début des années 1990.
La minorité blanche représente un peu plus de 7% de la population, mais possédait 72% des terres agricoles en 2017, selon des statistiques gouvernementales, l'héritage d'une politique d'expropriation de la population noire pendant la colonisation puis l'apartheid, que des lois votées depuis 1994 visent à réviser.
Le président Trump a dénoncé à plusieurs reprises leur "situation terrible", et évoqué un "génocide".
- "Bouée de sauvetage" -
Dès l'annonce de la décision, des ONG et associations de défense des immigrés ont crié au scandale.
Depuis 1980, "plus de deux millions de personnes fuyant la persécution ont été admises aux Etats-Unis" dans le cadre du programme d'accueil de réfugiés, a relevé Aaron Reichlin-Melnick, du American Immigration Council.
"Désormais, il servira de voie d'immigration pour les Blancs", a-t-il dénoncé sur X.
Pour sa part, Krish O'Mara Vignarajah, qui dirige l'association Global Refuge, a déploré le fait que depuis des décennies, le programme d'accueil des réfugiés "est une bouée de sauvetage pour les familles qui fuient la guerre, la persécution et la répression".
"A l'heure où des pays tels que l'Afghanistan, le Venezuela, le Soudan et bien d'autres sont en crise, concentrer la grande majorité des admissions sur un seul groupe sape l'objectif du programme ainsi que sa crédibilité", a-t-il dit dans un communiqué.
L'administration Trump avait déjà supprimé un statut spécial d'accueil temporaire qui protégeait les ressortissants d'Afghanistan, de Haïti et du Venezuela notamment.
X.Bassam--al-Hayat