"C'est moins cher": Shein accueille ses premiers clients au BHV
Par "curiosité" ou parce que "c'est moins cher", de nombreux clients se pressaient dans le calme mercredi devant le BHV à Paris où Shein a ouvert son premier magasin en début d'après-midi, malgré les polémiques sur les pratiques du géant asiatique.
"Mon mari ne sait pas que je suis venue, on est venu en cachette": sous les oriflammes noir et blanc affublées des cinq lettres de la marque asiatique, Marie, femme de ménage parisienne de 43 ans, pensait que le magasin Shein ouvrirait à 10h.
Elle confie venir "régulièrement" au BHV et avoir été "attirée" par Shein "parce que c'est moins cher".
C'est là, face à l'hôtel de ville de Paris, que les clients doivent retirer au compte-goutte un ticket pour accéder au magasin, qui se situe au 6e étage.
Des forces de polices et de gendarmerie étaient présentes pour sécuriser les lieux, assaillis par les médias dont certains étrangers et où avaient lieu des actions ponctuelles d'opposants.
L'association des droits de l'enfance Mouv'enfants a notamment manifesté à renfort de pancartes "BHV ta vitrine ne doit pas cacher la honte" brandies.
Une prise de parole d'élus parisiens a eu lieu également, la mairie de Paris se disant en guerre contre Shein, ainsi qu'un rassemblement du parti Les écologistes.
"Honte à vous qui faites la queue", a hurlé Kadija, militante de 33 ans contre les violences faites aux femmes, contrainte par les forces de l'ordre de passer de l'autre côté de la route, où se massent les curieux derrière des rembardes de sécurité.
Vêtue d'un t-shirt blanc sur lequel elle a écrit "LA HONTE", Patricia, 63 ans, espère aussi faire comprendre aux gens "que l'alliance BHV-Shein c'est absolument scandaleux".
- "Je suis pauvre"
Diarra Younouss, 19 ans, étudiant en événementiel, est lui venu du 13e arrondissement par "curiosité" avec "toute" sa classe: "C'est important, c'est une inauguration mondiale". Venu également trop en avance, il ne patientera finalement pas jusqu'à l'ouverture: "la flemme d'attendre".
D'autres attendront et achèteront, malgré les polémiques que soulèvent Shein, régulièrement accusé par les associations de défense de l'environnement et des droits humains, qui condamnent les conditions de fabrication, de transport des produits et de travail des sous-traitants.
Face à ces controverses, et l'enquête judiciaire désormais ouverte après la vente de poupées sexuelles à l'effigie d'enfant, les clients rétorquent souvent pouvoir d'achat.
"C'est vrai qu'il faut acheter français, mais ça coûte cher et les salaires n'augmentent pas, on n'est pas riche", explique Marie.
"J'ai commandé plusieurs fois sur Shein parce que je suis pauvre et je suis contente", a ajouté Yamina, venue du 93 pour la première fois au BHV, à bientôt 60 ans. Ses "six soeurs achètent toutes sur Shein", ajoute cette dame en invalidité.
A l'inverse, Antoinette, 79 ans, retraitée parisienne et l'une des premières dans la queue, n'a jamais commandé sur Shein. La polémique des poupées ? "Ca doit exister ailleurs", déplore-t-elle.
"Je voudrais commencer mes cadeaux de Noël, j'ai vu que Shein allait ouvrir, je vais regarder autre chose au BHV", dit-elle alors qu'exceptionnellement, tout achat chez Shein donnera droit mercredi à un bon d'achat du même montant ailleurs au BHV.
Selon elle, le BHV, repris en 2023 par la société SGM de Frédéric Merlin, s'est dégradé ces dernières années: "les prix ont augmenté, c'est moins bien, on trouve moins de choses".
Plusieurs marques ont quitté le BHV, soit pour des divergences avec la SGM et des impayés, comme le Slip Français, soit dernièrement en réaction au partenariat avec Shein - comme la maison de mode agnès b. mardi.
En quête d'un cadeau d'anniversaire à l'intérieur du BHV, Mila Moukbeul, auto-entrepreneure parisienne de 61 ans, ne "cautionne pas" Shein. "Mais peut-être que j'irai regarder, par curiosité, comme tout le monde".
D.al-Shehri--al-Hayat