Israël frappe une nouvelle cible à Gaza, après des raids nocturnes sanglants
L'armée israélienne a annoncé avoir frappé mercredi un dépôt d'armes dans la bande de Gaza après des bombardements nocturnes ayant fait des dizaines de morts, un nouveau signe de la fragilité du cessez-le-feu parrainé par les Etats-Unis.
Elle a affirmé que ses troupes qui contrôlent la moitié de la bande de Gaza, continueraient "d'y agir pour éliminer toute menace immédiate contre l'Etat d'Israël".
Après avoir accusé le Hamas d'une attaque ayant tué un de ses soldats, Israël a lancé depuis mardi soir des raids aériens sur le territoire palestinien qui ont fait au moins 104 morts dont 46 enfants selon la Défense civile locale.
L'armée israélienne a annoncé mercredi matin qu'elle reprenait l'application du cessez-le-feu mais dans l'après-midi une nouvelle frappe a ciblé un dépôt d'armes à Beit Lahia (nord) pour, selon un communiqué militaire, empêcher une "attaque terroriste".
D'après la Défense civile, opérant sous l'autorité du Hamas, la frappe a fait un mort.
Depuis mardi soir, l'armée a affirmé avoir mené des frappes contre "des dizaines" de cibles et visé 30 chefs de mouvements armés palestiniens dans le territoire assiégé.
La mouvement islamiste palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a démenti toute implication dans l'attaque de mardi ayant déclenché les frappes israéliennes.
Malgré ces violences, les médiateurs qatari et américain ont assuré que le cessez-le-feu tenait malgré tout, alors que l'ONU a qualifié d'"épouvantable" le bilan des morts.
- "Nous sommes épuisés" -
Le bombardements ont ravivé chez les habitants la peur d'une reprise de la guerre.
"Les bombardements n'ont pas cessé toute la nuit", a témoigné Khadija al-Hosni, une femme de 31 ans qui vit dans une tente à al-Chati (nord).
"Nous sommes épuisés", a dit Jalal Abbas, 40 ans, installé sous une tente à Deir el-Balah (centre). "Le retour de la guerre est ce que nous craignons le plus".
Le président américain Donald Trump a assuré que "rien" ne compromettrait l'accord de cessez-le-feu qu'il a parrainé entre Israël et le Hamas. "Ils ont tué un soldat israélien. Donc les Israéliens ripostent. Et ils devraient riposter", a-t-il dit.
"Il s'agit essentiellement d'une violation de la part des Palestiniens", a déclaré le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. "Nous nous sommes immédiatement mobilisés après cela (...) Nous avons vu que les Etats-Unis sont également attachés à l'accord, donc le cessez-le-feu tient toujours pour l'instant."
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a affirmé qu'il n'y aurait "aucune immunité pour quiconque dans la direction de l'organisation terroriste Hamas - ni pour ceux en costume ni pour ceux cachés dans les tunnels" creusés à Gaza.
Il a précisé que les frappes étaient une riposte à "l'attaque contre des soldats" israéliens et à "la violation flagrante de l'accord prévoyant la restitution" des dépouilles d'otages.
Selon une source militaire, des tirs "ennemis" ont provoqué la mort d'un soldat dans la région de Rafah (sud), où l'armée dit opérer pour démanteler les infrastructures et tunnels du Hamas .
- "Complexe" -
Mardi, le Hamas a annoncé le report de la remise d'une nouvelle dépouille d'otage. Le mouvement avait annoncé avoir retrouvé deux corps d'otages, sans préciser quand il comptait les restituer.
En vertu de la première phase de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré le 13 octobre l'ensemble des 20 otages vivants qu'il retenait à Gaza depuis son attaque contre Israël le 7 octobre 2023. Il devait aussi rendre à cette date les 28 derniers corps mais n'en a restitué que 15 jusque-là.
Le mouvement assure que les localiser est "complexe et difficile" dans le territoire en ruines.
Les représentants du Comité international de la Croix-Rouge se sont vu interdire mercredi de rendre visite aux prisonniers palestiniens détenus en Israël, en vertu d'un décret de M. Katz évoquant "la sécurité nationale".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.
L'offensive israélienne menée en représailles a fait 68.531 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.
Q.Otaibi--al-Hayat